Test : l'objectif
Jupiter 8M (50 mm F2) de 1960 monté sur un Kiev 4 (n°
de série de l'appareil : 60...)
Tiens, un appareil russe ! Tiens, un objectif
russe ! Eh bien oui, je continue à satisfaire ma curiosité
et pour cela, pas besoin de sortir les grands moyens. Les Kiev,
Zorki et autres Fed se vendent pour une poignée d'euros
sur eBay (les Russes ne veulent plus entendre parler de ces
vestiges de l'époque communiste).
Du coup, à l'ouest, on se régale
puisque ces machines tout en métal ont la fâcheuse
tendance à prendre de bonnes photos. Enfin, c'est relatif
bien sûr, car les normes de sortie d'usine ne furent pas
les mêmes qu'en Occident. Surtout en 1960, date de fabrication
de ce Kiev 4, émanation des Contax II et III car les
alliés soviétiques ont récupéré
les chaînes de montage des Contax allemands comme dommage
de guerre.
Bon, voyons ce que vaut l'objectif (interchangeable)
présent sur cet appareil. Il s'agit d'un Jupiter 8M ouvert
à F2 et traité monocouche.
Je vous rappelle que seule la sensation de netteté
de l'image est ici analysée, pas les aberrations chromatiques
ni le possible vignetage.
Conditions des tests :
Pellicule : Ilford FP4+ (125 ISO), développée
dans le révélateur Ilford Ilfosol-S à dilution
1+14 pendant 9 mn.
Prise de vue sur trépied et avec
le déclencheur souple, par temps gris mais assez lumineux.
Mise au point sur l'infini et bien sûr sans filtre pour
ne pas fausser les résultats.
Scan : scanner Epson Perfection 4180, "chauffé"
pendant une demi-heure, à 4800 DPI en TIFF et en 8 bits
gris, avec le pilote Epson Scan. Contraste et luminosité
dans Photofiltre et aucune accentuation. Redimensionnement des
détails des images à 250x250 pixels à 300
DPI. Enregistrement final en Jpeg qualité maximale.
Pour
mieux voir les détails, veuillez adopter une résolution
d'écran 800 x 600 ou inférieure.
Image test :
Voici les résultats des prises de vue (détails)
pour les ouvertures suivantes : 2, 2.8, 4, 5.6, 8, 11 et 16.
Pour chaque diaphragme, les résultats
au bord et au centre de l'image sont comparés.
Traditionnellement, pour la majorité des objectifs, les
images sont meilleures au centre et à des ouvertures
de diaphragmes intermédiaires (5.6 à 11). Qu'en
est-il pour le Jupiter 8M de focale 50 mm (sorti, je le rappelle,
en 1960)?
Ouverture à 2 (bord gauche/centre)
: ça manque quand même de définition.
Ouverture à 2.8 (bord gauche/centre)
: amélioration au bord et au centre. Les ardoises et
les fenêtres par exemple sont mieux détaillées.
Ouverture à 4 (bord gauche/centre)
: c'est meilleur partout, et nous ne sommes qu'à F4.
Ouverture à 5.6 (bord gauche/centre)
: le bord gauche affiche une meilleure netteté. Ce n'est
pas seulement du à la plus grande profondeur de champ,
mais bien à la résolution de l'objectif.
Ouverture à 8 (bord gauche/centre)
: résultat du même niveau qu'à 5.6. Pas
mal du tout !
Ouverture à 11 (bord gauche/centre)
: vous voyez franchement une grosse différence par rapport
aux deux ouvertures précédentes ?
Ouverture à 16 (bord gauche/centre)
: j'ai eu un petit souci de pellicule sur cette image (avec
le déclencheur souple et la vitesse 1/5è). Le
centre et le bord apparaissent comme aussi définis que
les images précédentes aux ouvertures plus grandes.
Conclusion :
Alors, vous en pensez quoi de cet objectif
made in USSR ? Pas mal, hein ? Ca vous met l'eau à la
bouche ?
Si vous ne connaissez pas encore les appareils
photos soviétiques, plongez-vous dans leur histoire car
elle est passionnante. Sur cette
page, vous trouverez d'autres tests concernant les
objectifs russes et notamment une comparaison avec les objectifs
Leica (les russes seraient meilleurs que certains allemands,
paraît-il...)